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Le plus petit vinyle au monde est de retour ! | Monsieur Vinyl
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Le plus petit vinyle au monde est de retour

Le plus petit vinyle au monde est de retour !

C’est bien connu, ce qui est petit est mignon. C’est justement l’adage parfait pour décrire ce format de vinyle qui est revenu en force en 2019 et qui risque de faire à nouveau sensation, notamment lors du second Record Store Day américain de l’année se déroulant en Novembre à l’occasion du ‘Black Friday’. Un format qui va ravir les petites souris… bien que nos chères et grandes galettes rondes resteront à tout jamais éternelles…

Le « petit » vinyle n’est pas nouveau, et avait déjà fait parler de lui aux États-Unis vers la fin des années soixante-dix, notamment grâce à la société Flexi-Philco (une division de Ford Motors) qui proposa des flexi-discs de seulement 4 pouces de diamètre (soit environ 10 cm). Ces vinyles souples, lisibles sur une platine en vitesse 45 tours, proposaient seulement deux morceaux mono sur une seule face, et – du surcroît – étaient facilement transportables puisqu’ils étaient pliables. Ils ont d’abord été temporairement distribués dans des boîtes de céréales, et même insérés en guise de cadeau-échantillon dans certains magazines, le tout à destination d’un jeune public.

Le seul inconvénient est qu’ils ne pouvaient être lus qu’une douzaine de fois avant que le stylus de la platine ne commence à attaquer leur sillon et à les abîmer. Une fois sur le marché, ils ont été baptisés les ‘Hip Pocket Records’. Leur production et leur diffusion sera éphémère et ne durera que deux années (entre 1967 et 1969). On les retrouvait à 69 cents dans les magasins Woolworth ainsi que chez des concessionnaires Ford. Pour couronner le tout, un lecteur spécial (le Mini Radio Phono, modèle S-1378WH) avait même été fabriqué puis vendu afin de faciliter la lecture de ces mini-vinyles.

Quelques Hi-Pocket Records de la famille Flexi-Philco.

Évidemment, le succès rencontré par Flexi-Philco avec son vaste catalogue de vinyles 4 pouces amena un concurrent sur ses terres. C’est l’entreprise Americom qui se mit à proposer des vinyles du même acabit. Toutefois, Americom s’éloigna de la stratégie de distribution mise en place par Flexi-Philco et préféra se placer sur le marché du distributeur automatique. Elle créa alors les ‘Pocket Discs’, des petits vinyles transportables, mais beaucoup moins chers (proposés à 50 cents). Mais c’est surtout l’accord passé entre Americom et Apple Records qui va réellement permettre de rendre populaire ce format en Amérique ; c’est ainsi que certaines chansons des Beatles se sont retrouvées gravées sur des mini-vinyles et ont permis la notoriété des ‘Pocket Discs’ aux États-Unis.

Des ‘Pocket-Discs’ des Beatles.

Les petits vinyles à la conquête de l’Asie

Près de 35 ans plus tard, l’histoire se répète, cette fois du côté du continent Asiatique. C’est la firme Toyokasei qui, au début des années 2000, conçoit un format encore plus petit qu’un ‘Pocket Disc’ : un 3 pouces… soit un disque d’à peine 8 cm de diamètre ! Toujours à cause de ses propriétés minuscules, seule une face est gravée. Dans son procédé de fabrication, une couche plastique est ajoutée à la couche vinyle afin de lui donner plus de robustesse.

En 2004, Bandai va s’intéresser à ce format atypique. La marque va se mettre à vendre au Japon ainsi qu’aux États-Unis – pour une trentaine de dollars – des lecteurs dédiés, qu’elle baptisera les ‘8Ban Player’. Ces derniers sont habillés d’un style rétro, flanqués de couleurs blanches et rouges. Ainsi sont édités et écoutables une nouvelle fois dans ce format des singles d’artistes de renom ; Judy Collins, Otis Redding, The Monkees, et même des thèmes de dessins-animés, le tout accessible à environ 3 dollars l’unité. Toutefois, le concept de Bandai est aussi de proposer des vinyles à l’aveugle, à l’image de cartes à collectionner, afin que le consommateur ne sache jamais à l’avance sur quel vinyle il va recevoir.

La mini-platine ‘8Ban’ de Bandai.

Jack White succombe !

Quelques années plus tard, en 2004, durant une tournée, Jack White (membre des White Stripes, et créateur de Third Man Records), découvre un ‘8Ban Player’, et se dit qu’il serait intéressant d’éditer des singles de son groupe sur des petits vinyles. C’est à partir de cet instant que le vinyle 3 pouces rencontre le monde du marketing ; six chansons vont été choisies dans le répertoire du groupe en fonction de la limite de temps fixé par le format, dont une chanson inédite exclusivement disponible sur un format 3 pouces. De plus, comme les platines de chez Bandai étaient de couleur rouge et blanche (les couleurs principales des White Stripes), le label s’arrange avec le constructeur et avec l’usine Toyokasei pour en acheter 1000 exemplaires. Une fois le marché conclu, Third Man Records proposera à la vente 1 platine + 6 vinyles (à 120 dollars le pack), et 1 vinyle vendu séparément à 30 dollars.

Les petits vinyles, façon Jack White.

Petit vinyle pour grand ‘Record Store Day’

En cette année 2019, il semblerait que le petit vinyle souhaite encore continuer à vivre. Depuis cette distribution marketée par le génial Jack White au début des années 2000, on peut dire que l’offre et la demande pour le support vinyle – en tant que tel – a fait du chemin.

Et, de nos jours, c’est l’ambassadeur américain du ‘Record Store Day’, Michael Kurtz, qui succombe au charme du 3 pouces. Alors qu’il est en visite au Japon, l’usine de Toyokasei n’a pas manqué de lui présenter leur savoir-faire, et notamment leurs petits vinyles fabriqués pour la marque Bandai. Bingo ! Michel Kurtz adore, et contacte le président de Crosley (Scott Bingaman) pour lui proposer de mettre en vente des mini-platines exclusives lors du prochain ‘Record Store Day’. Il faut dire que les deux hommes n’en sont pas à leur première collaboration, puisque de nombreuses platines exclusives siglées RSD avaient déjà été proposées à la vente par le passé (notamment l’édition ‘Peanuts’ en 2017, ou encore l’édition ‘Star Wars’ en 2018).

Et c’est ainsi que, en cette saison 2019, va naître la RSD3, une toute petite platine aux allures de Technics SL 1200 qui aurait quelque peu rétrécie au lavage. Une première dans l’histoire du vinyle puisque la plupart des platines – jusqu’alors proposées à la vente – n’avaient jamais été aussi petites. Et afin que les ventes décollent, Crosley se débarrasse de son stylus low-cost pour y placer un stylus Audio Technica. Bien entendu, cela ne calmera pas les audiophiles les plus extrêmes ; et, évidemment, il ne faudra pas compter sur cette mini-platine pour proposer le meilleur son possible, tout en sachant qu’elle approche les limites de la physique de part ses dimensions (11 cm x 15 cm).


La RSD3 de chez Crosley, et quelques mini-vinyles 3 pouces.

Le prix de vente, par contre, n’est pas petit… comptez 70 dollars pour vous en procurer une ! Un prix plus ou moins ‘justifié’ (?) par la présence d’une prise casque 3,5 mm en façade arrière (pouvant également servir de sortie audio RCA vers un amplificateur), d’un bouton de volume avec un petit haut-parleur intégré, d’un curseur de vitesse et d’un cache anti-poussière. Et pour couronner le tout, la RSD3 est aussi la toute première mini-platine stéréo (à l’instar de sa grande sœur la ‘8Ban’). Le tout fonctionne avec quatre piles AA (non incluses), ou sur secteur grâce à une prise micro-USB de 5V.

Ainsi est relancée la production et la fabrication de nouveaux petits vinyles, afin d’être exclusivement distribués lors du ‘Record Store Day’ 2019. Chaque petit vinyle est vendu 10 dollars à l’unité environ. Et pour attirer les collectionneurs les plus avertis, Michael Kurtz mise sur les artistes les plus hypes : The Raconteurs, The Dead Weather, Rancid, Bad Religion,… jusqu’à reprendre le principe commercial de Bandai, à savoir la vente à l’aveugle (un paquet du label Third Man Records ou du label Epitaph contient un vinyle aléatoire). Enfin, il repart sur la même offre que Jack White proposait en 2004 : une mini-platine achetée, avec un mini-vinyle offert (pour le coup, celui des Foo Fighters).

La RSD3 de chez Crosley en détails.

Petit vinyle trouvera t-il son public ?

Seulement voilà… en dépit de tous ces efforts et de tout cet historique, le petit vinyle ne trouve pas vraiment son public. Considéré quelque peu comme un gadget de collectionneur, la RSD3 ne va pas vraiment faire l’unanimité, et Crosley peine à exporter le concept de sa mini-platine. Se pose aussi une question pragmatique auprès de ceux qui ne sont déjà pas forcément adeptes du format 7 pouces : pourquoi acheter une format 3 pouces pour seulement une seule chanson ?

Quant à ce qui concerne la fabrication, cela engendre beaucoup de coûts pour seulement quatre minutes de musique… Reste enfin la vulgarisation du support, peu connu, qui sera – quoi qu’il arrive – largement moins populaire que le légendaire format 12 pouces. En somme, la petite platine et ses petits vinyles font l’objet d’une curiosité prudente par les disquaires, les collectionneurs, musiciens et autres amateurs de musique.

Toutefois, si le grand public adhère un jour à l’idée, il n’est pas exclu dans le futur que Crosley développe davantage sa gamme de mini-platines (en y intégrant une option Bluetooth), voire que de nombreux autres vinyles 3 pouces continuent à voir le jour dans l’usine japonaise Toyokasei. S’inscrivant dans un véritable marché de niche, bien loin d’exploser durant les prochaines années les scores de vente du vinyles standard, le 3 pouces a le don d’exister et d’être une petite curiosité dans ce grand monde du vinyle. Et rien que pour ça, ça vaut le coup d’en parler !


Une mini-platine Third Man Records.