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Patate Records : « on a un rôle de grands frères » | L’Après Rendez-Vous du Vinyle

Immersion chez Pierre, disquaire depuis 35 ans sous l’enseigne ‘Patate Records’. Ce spécialiste Reggae, également patron de label, nous partage son regard sur la situation musicale actuelle. Streaming ou vinyle, faut-il choisir ? Cela ne l’a pas empêché de nous présenter les cinq vinyles qui l’ont le plus influencé.

LES RENDEZ-VOUS DU VINYLE

 

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Salut Pierre ! Patate Records a ouvert en quelle année ?

PIERRE : La boutique a ouvert en 1992. Ça fait 35 ans que Patate Records existe.

Quelle est ta vision sur l’évolution du Reggae, en particulier dans la consommation française ?

PIERRE : Tout a été chamboulé maintes et maintes fois. On vendait beaucoup de 45 tours jamaïcains, surtout du Dancehall. Et puis il y a eu le numérique. À ce moment-là, il y a eu tout ce qu’il fallait pour ne plus les acheter. Il y a eu internet, le téléchargement gratuit. Donc les gens se sont mis à télécharger. Il y a eu aussi l’explosion des sites de vente en ligne. Ça devient de plus en plus difficile. Et il faut surtout se remettre en question en permanence.

Quels sont les artistes ou les projets que tu as fait naître ?

PIERRE : À une époque, on a fait du repress, du oldies, mais aussi du New Roots, avec Earl Sixteen, Rod Taylor, U Brown, Prince Hammer,… On a du faire une centaine d’albums. Sur l’aspect production, on a fait pas loin de 300 titres. Après, on a fait aussi des trucs pour nos potes, on les a aidés à sortir leurs projets, comme pour Barbés.D, ou encore Mr Zebre. On a aussi suivi des groupes de Ska, on a fait un live avec ASPO (un groupe défunt de Bordeaux), ou encore un live avec Alton Ellis devant 30 000 personnes. On a fait plein de projets dans tous les sens.

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Que penses-tu de l’évolution de ton label et de la consommation musicale actuelle, de 1992 jusqu’à maintenant ?

PIERRE : Ça a beaucoup changé. En quelques années, on est passé d’une économie d’un disque pressé à 1000 exemplaires, à un disque pressé à 500, 400 voire 300 exemplaires. Maintenant, on commence à gagner un peu d’argent par le biais du streaming. Fort heureusement, ça nous permet de générer un peu de profits pour pouvoir continuer à produire et à sortir des disques.

Quelle est ta façon de faire découvrir aujourd’hui le Reggae aux jeunes ? Comment perçois-tu l’évolution de ce style entre les mains de la jeunesse ?

PIERRE : En tant que vendeurs de disques, on a un rôle de grands frères, on les dirige vers ce qu’on aime, ce qu’on pense être bien, ou ce qu’on pense qu’ils aiment. En fait, c’est à double tranchant. De nos jours, grâce au streaming, il y a des jeunes qui sont très pointus, voire plus pointus que nous et, des fois, on a des surprises !

As-tu un impact sur cette jeunesse ? Reviennent-ils te voir ? Te redemandent-ils conseil ?

PIERRE : Pas forcément, mais il y a une partie qui reste. Je continue à avoir suffisamment de clients pour rester ouvert.

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Quand on rentre dans ta boutique, quels sont les principaux groupes qu’on te demande ?

PIERRE : Wow ! Grande question ! J’ai des disques phares que je vends à plein de gens ; il y a The Gladiators et leur album « Back To Roots », qui est notre best-seller. Pour ceux qui aiment le Dub, il y a King Tubby (à acheter impérativement sur la plateforme patate-records.com, et pas ailleurs, parce que c’est beaucoup plus cher !).

Que penses-tu des listes qui sont proposées à l’occasion du ‘Record Store Day’, et qui concernent ta branche musicale ? Est-ce que ça te donne envie, ou as-tu des regrets ?

PIERRE : Le problème du ‘Record Store Day’, c’est surtout en France que ça se passse. Autant en Angleterre qu’aux États-Unis, il y a des projets sérieux. En France, c’est souvent un « truc de gogo ». Pour moi, c’est une opération commerciale. On te fait croire qu’il y a un disque qui est rare et que tu vas le louper, on essaie de créer le besoin, alors que ce n’est pas un disque essentiel. Par exemple, l’album « Breakfast In America » de Supertramp ; il y a quelques années, le disque avait été repressé pour le ‘Record Store Day’ et c’est celui qui a eu le plus d’impact. Mais c’est une blague, parce que cet album, on le trouve partout dans toutes les brocantes ! Parfois il y a des choses intéressantes. Mais, en tous les cas, dans le Reggae, il n’y a absolument rien. Sauf cette année, où il y a eu une compilation de The Gladiators, « Roots Natty ». Sans ça, tout le monde voulait du Taylor Swift. Alors on a reçu 50 coups de fil, du type « vous n’avez pas Taylor Swift ? » Mais elle ne fait pas du Reggae ! Donc, je ne vais pas acheter Taylor Swift juste pour avoir des clients en plus, qui viennent une fois dans leur vie acheter Taylor Swift chez moi parce qu’ils ne l’ont pas trouvé ailleurs.

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Propos recueillis chez Patate Records par Ramblin James pour Monsieur Vinyl

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